Origine et Développement
La légende raconte que Shénnóng, le divin paysan, apprit l’agriculture à son peuple, goûta cent plantes sauvages, en détermina la saveur et jugea ce qui était bon pour fortifier le corps ou le soigner, il dégusta également l’eau d’un nombre important de sources, et paraît-il savoura 70 plantes toxiques en une journée, trouvant les antidotes.
Le Shénnóng Běncăo Jīng (Classique de Pharmacopée de Shen Nong) est le plus ancien traité consacré à la pharmacopée chinoise. Rédigé sous la dynastie des Hàn de l’Est, il énumère 365 substances médicinales (252 produits végétaux, 67 produits animaux, 46 minéraux) avec leurs origines, divers noms, caractéristiques et effets thérapeutiques. Il expose également des notions sur l’emploi des simples, la préparation des plantes, les incompatibilités et le rôle respectif des différents remèdes dans les prescriptions.
Il présente les substances en 3 catégories selon leur toxicité :
- sans toxicité 无毒wú dú:plantes courantes, inoffensives, mais qui tonifient le Qi.
- petite toxicité 小毒xiăo dú : substances médicinales des règnes végétal, animal et minéral : consommées avec circonspection, elles sont utiles pour combattre les maladies. Certaines peuvent malgré tout se révéler toxiques.
- grande toxicité 大毒dà dú : à utiliser avec prudence et précaution.
Zhāng Zhòngjĭng (150-219) rédigea le Shāng Hán Zá Bìng Lùn (Traité des atteintes du froid et autres maladies), premier ouvrage chinoise de médecine clinique. Le livre, copié à la main fut dispersé, mais Wáng Shūhé rassembla et compila les textes de ce livre. Et au XIe siècle, un nommé Li Yin les publia en deux recueils sous les noms de Shāng Hán Lùn (Traité des blessures du Froid) et Jīn Guì Yào Lüè (Synopsis des prescriptions de la Chambre d’or).
À partir de la théorie des méridiens, le Shāng Hán Lùn décrit la façon dont les facteurs pathogènes externes peuvent provoquer des maladies. Il décrit les symptômes, le diagnostic et le traitement des diverses maladies contagieuses aiguës telles que la grippe, l’entérite, la dysenterie, le choléra, la typhoïde, le tétanos, la méningite, mais aussi la pneumonie, l’appendicite, etc.
Le Jīn Guì Yào Lüè aborde la classification dialectique des maladies et rassemble toutes sortes de traitements. Ce livre comprend par exemple la description des 3 types de diabète, la première description de la respiration artificielle et du massage cardiaque comme mesures d’urgence.
Ces deux traités représentent plus de 370 ordonnances et de nombreuses formules de médicaments (décoctions, alcools, pilules, poudres, lotions, fumigations, médicaments à instiller dans les oreilles, poudre à souffler dans le narines, lavements, pommades et suppositoires, etc).
Zhāng Zhòngjĭng fut appelé le Père des Prescriptions.
Sous la dynastie des Jin Orientaux, au Vème siècle, Gě Hóng écrivit le Zhŏuhòu Bèi Jí Făng (Prescriptions pour les urgences).
Entre la fin du Vème siècle et le début du VIème, Táo Hóngjĭng écrivit le Bĕn Căo Jīng Jí Zhù (Collection de notes pour la Matière Médicale), qui annotait et complétait le Classique de Pharmacopée de Shen Nong. Il présentait 730 plantes.
Dans la grotte des prescriptions de Long Men, on compte une centaine de prescriptions gravées entre 575, sous la dynastie des Qi du Nord, et 907, sous la dynastie des Tang. Connues sous le nom de Lóng Mén Yào Fāng (Les Prescriptions de Long Men) elles rassemblent un grand nombre de formules simples. Même dans le cas de formules mixtes, elles ne prescrivent en général que deux substances médicinales, assez faciles à se procurer. Elles constituent des documents d’une grande valeur pour l’étude des prescriptions traditionnelles de l’époque.
En 659 ap. JC, sous la dynastie des Tang, un collectif de 23 médecins, sous la direction de Su Jing, publia le Xīn Xiū Běn Căo (Matière Médicale nouvellement révisée), composé de 54 volumes avec trois grandes parties : pharmacologie (propriétés, origines, principes de cueillette et de préparation, vertus thérapeutiques de substances médicinales), planches et commentaires des planches. L’ouvrage présente 844 substances médicinales.
Sous la même dynastie, Sūn Sīmiăo (581 – 682) écrivit deux œuvres : le Bei Jí Qiān Jīn Yào Fāng (Les prescriptions pour l’urgence valant mille pièces d’Or), abrégé en Qiān Jīn Yào Fāng et le Qián Yīn Yī Fāng (Prescriptions supplémentaires valant mille pièces d’or). Ces deux œuvres comprennent chacune 30 volumes, le Qián Yīn Yī Fāng citant 800 substances médicinales. Ses travaux en pharmacologie valurent à Sūn Sīmiăo le titre de Roi des Médicaments.
Sous la dynastie Ming, après y avoir consacré 27 ans de sa vie, Lĭ Shìzhēn publie en 1575 le Bĕn Căo Gāng Mù (Compendium de Materia Medica), comportant 52 volumes, 1892 substances médicinales, 1100 prescriptions, 1100 illustrations. Achevé en 1578, le Bĕn Căo Gāng Mù fit l’objet de 3 révisions successives.
En 1758, Zhào Xue Min publia un Traité sur l’expérience accumulée par les médecins ambulants. Il décida de réviser et compléter le Compendium de Materia Medica. Il lui fallut plus de 40 ans pour consulter 600 œuvres et rédiger le Bĕn Căo Gāng Mù Shi Yi (Supplément au Compendium de Materia Medica) qui enregistre plus de 900 substances médicinales.
En 2015, Tu Youyou reçoit le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le traitement du paludisme en isolant les pouvoirs de l’artémisinine, issu d’une sorte d’armoise répertoriée par la pharmacopée chinoise sous le nom de Qīng hāo.
Ces dernières années, des laboratoires occidentaux se sont penchés sur l’étude et les possibilités de la pharmacopée chinoise. En 1988, une équipe de chercheurs californiens a même découvert que les extraits de la Courge chinoise pouvaient empêcher le développement du rétrovirus du Sida, en laboratoire. Depuis, une dizaine d’autres plantes se sont révélées avoir la même action. Actuellement l’OMS entend encourager la recherche sur l’utilisation de remèdes traditionnels par les plantes médicinales contre le traitement du Sida.